C’est l’événement de cet automne. La célèbre comédie musicale West Side Story continue de susciter des émotions, 66 ans après sa création. Cette fois-ci, une nouvelle tournée internationale pose ses valises à Paris, et il est fortement recommandé de la voir au Théâtre du Châtelet avant la fin de l’année. Nous y étions.
West Side Story est une véritable institution. Cette réécriture moderne de Roméo et Juliette créée en 1957 par Leonard Bernstein, Stephen Sondheim et Arthur Laurents, traverse les années et les adaptations sans prendre une ride. Les refrains imparables de ses chansons les plus célèbres, de Maria à Tonight en passant par America et I Feel Pretty, sont devenus des standards et il est difficile de se passer de ses versions cinématographiques, que ce soit celle de Robert Wise et Jerome Robbins en 1961 ou celle de Steven Spielberg en 2021. Surtout, elle continue de vivre à travers le monde à travers différentes compagnies qui la montent régulièrement, faisant se confronter en musique Jets et Sharks, tomber en amour Maria et Tony et se terminant dans la tragédie absolue et un silence assourdissant.
Pour les amateurs de comédies musicales qui ont déjà eu l’occasion de savourer West Side Story à maintes reprises, cette nouvelle production présentée actuellement au Théâtre du Châtelet est un véritable trésor. L’équipe technique et créative, majoritairement constituée de musiciens et d’artistes ayant fait leurs preuves à Broadway, Off-Broadway ou dans le West End, insuffle une énergie singulière à cette histoire profondément américaine.
La mise en scène de cette production est confiée à Lonny Price, déjà remarqué pour son brillant travail sur le revival de Sunset Boulevard en 2017, mettant en scène Glenn Close. Il a collaboré avec le chorégraphe Julio Monge, d’origine portoricaine, pour créer des danses inspirées et respectueuses de la version originale de Jerome Robbins. L’orchestre, composé de vingt musiciens et dirigé par Grant Sturiale, insuffle quant à elle une énergie dynamique à la musique intemporelle de Leonard Bernstein. Il convient également de mentionner les décors d’Anna Louizos, qui recréent de manière ingénieuse et efficace les rues de New York, nous transportant en un clin d’œil et avec moult détails, dans les années 1950, telles qu’elles apparaissent dans l’imaginaire collectif. Quant aux costumes d’Alejo Vietti, ils contribuent à différencier les deux clans rivaux : les Jets arborent le bleu et le jaune, tandis que les Sharks préfèrent le rouge et le violet. Du côté des rôles féminins, Kyra Sorce, qui interprète Anita avec brio, nous ébouriffe de rose et d’orangé avec ses comparses portoricaines, lors du célèbre numéro America, l’un des plus attendus et applaudis.
Cependant, il est essentiel de souligner la performance de Melanie Sierra dans le rôle de Maria. Son personnage exigeant vibre de jeunesse, d’humour, de vitalité et de légèreté, tant son jeu est impeccable et sa voix, remarquable. Quant à Jadon Webster, dans le rôle de Tony, il peine cependant parfois à convaincre, tant les regards et les oreilles sont captivés par une Maria enivrante et vampirisante.
À une époque marquée par les conflits et l’intolérance, West Side Story résonne d’autant plus en lançant un appel à l’humanité. Arthur Laurents et Stephen Sondheim n’auraient probablement pas imaginé que leur chef-d’œuvre resterait d’actualité aujourd’hui. Et nous continuerons à leur exprimer pour cela notre reconnaissance : rendre le monde un peu plus enchanteur et enchanté, malgré la mort qui rôde et le bruit des bombes qui tonne.
West Side Story au Théâtre du Châtelet, 2 rue Édouard Colonne, 75001 Paris. Jusqu’au 31 décembre 2023, du mardi au samedi à 20h, également les samedis et dimanches à 15h.

C’est la réflexion que je me faisais en regardant ses adaptations cinématographiques : l’être humain n’a pas beaucoup changé, et des problèmes similaires se retrouvent sur tous les continents.