Aussi à l’aise sur scène que sur les planches de théâtre, la comédienne Élodie Navarre nous a dernièrement enchantés dans Les Beaux de Léonore Confino. En attendant de la retrouver au cinéma avec le film Les Femmes du square et au théâtre avec la tournée des Beaux, elle nous a livrés ses coups de cœur.
Un album de musique ?
J’aimerais vous parler du chanteur Adanowsky, fils du réalisateur Alejandro Jodorowsky, dont j’aime l’univers surréaliste, le personnage qu’il se crée sur scène ou dans ses clips… C’est vraiment le fils de son père en termes d’images métaphoriques ! Un peu déçu de ne pas être assez reconnu en France, il a poursuivi sa carrière au Mexique et quel succès là-bas ! Les concerts qu’il y donne sont géniaux. Dans l’un d’entre eux, il arrive sur scène totalement dénudé, en déchirant un poster représentant L’Origine du monde, comme une renaissance et il s’habille au fur et à mesure du concert. J’adore son imagination scénique : que de métaphores ! Et quand il chante, c’est un mélange d’un M ou d’un Elvis latino, avec des costumes flamboyants. J’espère qu’il reviendra un jour en France pour faire des concerts aussi chouette.
Une chanson ?
Sur le premier album d’Adanowsky, Amador, il y a un très beau duo avec Arthur H, Compagnon du ciel. Sinon, j’aime tout particulièrement son titre Estoy mal.
Un film ?
J’ai évidement eu le temps de voir ou revoir des chefs d’œuvre pendant le confinement, mais en rangeant chez moi, je suis tombée sur un film dans lequel j’avais tourné, une sorte de pastiche de films de cape et d’épée, Les Aventures de Philibert de Sylvain Fusée. On y retrouve tous les ingrédients des films d’Errol Flynn, mais parodiés. C’était réjouissant de le faire découvrir à mes enfants qui ont 4 et 5 ans. C’est trop drôle de voir comment le premier degré de ce film fonctionne sur les enfants et nous adultes, on se régale du vingtième degré. Ce film a malheureusement été maltraité à l’époque… C’est dommage, les dialogues de Jean-François Halin sont tellement drôles ! On retrouve son humour des OSS 117 et je garde un souvenir extraordinaire de mes partenaires : Jérémie Rénier, Alexandre Astier, Manu Payet et des guests succulents… Un projet original, avec un degré de folie assez remarquable. En somme, le film idéal en cette période pour des soirées parents-enfants !
Et toujours dans le genre parodique, j’ai retrouvé le génial premier film de Michel Hazanavicius Mes Amis, avec Léa Drucker, Karin Viard, Thibaud de Montalembert, Yvan Attal, Mathieu Demy, Zinédine Soualem, Alain Chabat, Lionel Abelanski… Le casting était fou ! C’était un de mes premiers films, j’y jouais la scripte un peu névrosée de ce très mauvais (faux) sitcom.
Une série télé ?
J’aime les propositions d’Arte en matière de séries et de documentaires et j’ai découvert No Man’s Land, un thriller d’espionnage. J’ai été très touchée par la quête intime du personnage principal, incarné par Félix Moati. C’est réaliste, violent, émouvant, fort bien écrit, documenté et interprété… Une série passionnante dans la lignée du Bureau des légendes. Sinon, j’aime énormément Big Little Lies dont j’aimerais beaucoup une suite.
Un documentaire ?
Wild Wild Country qui m’a énormément marquée, sur un gourou indien qui s’installe dans la campagne américaine. Et pourtant, j’aime certains de ses enseignements, à savoir la méditation active et chaotique qui permet de libérer de manière explosive toutes nos angoisses. Cela s’apparente à la danse des cinq rythmes que j’ai déjà pratiquée pendant une période. On en sort totalement serein et aligné. Mais ce documentaire est effrayant par ce qui se cache derrière ce gourou et ses pratiques… J’en suis restée bouche bée.
Une exposition ?
J’aime le travail de Bill Viola, c’est un génie de la vidéo. J’avais d’ailleurs acheté le DVD à l’expo où j’étais allée, afin de projeter ses vidéos sur le mur. Elles ont une grande force. Ce qui me fascine chez lui, c’est sa perception sensorielle de la condition humaine et son interrogation sur le temps et la conscience. Sa vidéo avec de l’eau me touche beaucoup, car comme lui, j’ai failli mourir noyée et quand j’ai découvert son travail sur l’eau, j’ai compris pourquoi, quand on avait vécu une telle expérience, l’eau pouvait autant fasciner qu’effrayer.
Un spectacle ?
Soeurs, de Pascal Rambert. Une écriture qui me bouscule et en particulier, ce spectacle. Un face à face entre deux sœurs qui parle des affres de la sororité et pourquoi, malgré ce lien charnel, elles ne peuvent pas s’entendre. Il décrypte la violence et la non-violence de ce lien. J’y suis allée avec ma sœur… Un grand moment d’émotion !
Et sinon sur le site du Théâtre de la Ville, faute de pouvoir les voir sur scène, j’ai regardé en ligne et en direct le spectacle Je ne suis plus inquiet, de Scali Delpeyrat qui est plein d’humour sur sa vie et les bizarreries de la vie quotidienne, ainsi que La Reine de la piste, de Pierre Notte avec Helena Noguerra. Elle se raconte à travers les hommes qu’elle a rencontrés en mode cabaret-théâtre. C’était beau et émouvant. Que j’ai hâte de me retrouver à nouveau dans une salle de spectacle !
Un livre ?
J’ai retrouvé récemment, en fouillant dans ma bibliothèque, Les Femmes qui lisent sont dangereuses, de Laure Adler et Stefan Bollmann. On découvre des peintures magnifiques de femmes en train de lire sur plusieurs périodes de l’Histoire. On y perçoit des femmes envisageant la lecture comme une possibilité de troquer l’étroitesse du monde domestique contre l’espace illimité de la pensée, du savoir et de l’imagination.
Une bande dessinée ?
En ce moment avec mes garçons, nous sommes plongés dans Ariol, une espèce de petit âne bleu aux grosses lunettes, qui a tout un tas de problèmes existentiels à l’école ou à la maison. Je crois que c’est la première fois que mes garçons sont fans d’un personnage de BD. C’est très addictif. On lit un épisode d’Ariol au retour de l’école. J’adore qu’il me fasse découvrir les choses dont ils parlent entre eux en maternelle.
Une recette de cuisine ?
L’Apfelstrudel qui m’a été transmis par ma mère autrichienne. C’est la base. Pour le petit déjeuner, le dessert, le goûter… il passe partout !
Une activité physique ?
Je suis les cours de gymnastique respiratoire de Catherine Rétoré qui est professeur à l’école de la respiration Sandra-Romond. Dit comme ça… ça a l’air zen, mais c’est ultra sportif ! Une méthode qui nécessite une grande précision dans le placement du corps. D’ailleurs, on doit parfois se mettre dans des positions improbables, dans lesquelles on travaille l’expiration. Un véritable travail mécanique de la respiration qui compense ma pratique de la natation mise entre parenthèses depuis bientôt un an. Actuellement c’est pas simple, les cours sont sur Zoom… Hâte de retrouver le groupe dès que cela sera possible. Pour le moral c’est mieux car seule dans son salon, la motivation est difficile !
Une citation ?
Ma préférée : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Mais j’adore celle que me répétait ma mère petite quand je n’arrivais pas à me lever pour aller a l’école : « Morgenstund hat Gold im Mund » et qui équivaut à « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Depuis que j’ai des enfants, je comprends le sens de cette maxime et désormais, je suis nettement plus efficace le matin.
Une activité manuelle ?
Avec les enfants, on a fabriqué notre sapin avec des branches en bois, que l’on a taillées sous plusieurs longueurs et qu’on a attachées par une ficelle, de la plus longue à la base à la plus petite au sommet.
Votre actualité ?
Je tourne en ce moment dans une comédie sociale qui s’appelle Les Femmes du square de Julien Rambaldi, avec Léa Drucker, Eye Haïdara, Ahmed Sylla, sur les relations complexes entre les nounous et leurs employeurs… Et je répète pour la tournée du spectacle Les Beaux, en espérant qu’elle va avoir lieu ! Par ailleurs, on espère aussi la jouer à Avignon l’été prochain.
Merci Élodie !