Nommée cette année aux Victoires de la Musique dans la catégorie Révélations féminines, la chanteuse Clou vient de faire paraître son premier album, Orages, porté par le tube Jusqu’ici tout va bien. En attendant d’aller l’applaudir sur la scène de la Cigale à l’automne prochain, elle nous fait part de ses coups de cœur.
Un album de musique ?
Graceland, de Paul Simon, c’est l’album des balades en voiture de mon enfance et c’est aussi, à mes yeux, un disque qui me montre le chemin de la création artistique ! On y retrouve de la poésie pure sur des mélodies imparables, inspirées du monde entier. C’est l’album que j’emporte sur une île déserte à coup sûr.
Une chanson ?
Fast Car, de Tracy Chapman, c’est une chanson que j’ai découverte adolescente et qui ne m’a jamais quittée. Elle réussit l’exploit d’être à la fois sublime et d’une tristesse infinie. En trois minutes, on est emporté par la voix, la guitare répétitive et cette histoire de destin tragique et banal, on dirait un film.
Un clip ?
Le clip de la chanson Lonely boy, des Black Keys : on y voit un homme qui danse exactement comme je danse dans ma salle de bain quand je suis emportée par une chanson et que personne ne me regarde. C’est un plan séquence ultra simple qui transmet une énergie folle.
Un film ?
2 days in New York, de Julie Delpy, c’est une comédie potache, décalée, moqueuse et très libre qui raconte la vie d’une française expatriée à New York et notamment les deux jours où elle reçoit la visite de sa famille. C’est drôle, politiquement incorrect, ça parle vite et fort, ça crie et ça pète, c’est un film qui fait du bien.
Une série ?
Succession sur HBO, c’est une des surprises de mon premier confinement. Le premier épisode est dur, compliqué, tous les personnages sont antipathiques, ils gravitent dans un monde insupportable et pourtant, on regarde. C’est une tragédie shakespearienne au cœur d’une famille inspirée de celle de Rupert Murdoch. C’est Festen qui rencontre Le Roi Lear. Je recommande chaudement !
Un documentaire ?
Je suis passionnée de documentaires consacrés aux abysses… Oui, ce n’est pas très sexy dit comme ça, mais c’est la vérité. J’en regarde beaucoup, notamment sur les créatures étranges et millénaires comme le coelacanthe et puis d’autres que l’homme a beaucoup de difficultés à étudier. Le mystère autour de ces espèces me fascine. Pour commencer, je recommande un documentaire Arte sur le calamar géant qui s’appelle Fantôme des Grands Fonds. Ça dure quarante minutes et c’est palpitant.
Un roman / un essai ?
L’Embellie, de l’autrice islandaise Audur Ava Olafsdottir. Elle y raconte un voyage autour de l’Islande d’une femme tout juste célibataire, accompagnée d’un enfant qui n’est pas le sien. Ce roman réunit tout ce que j’aime dans la littérature : une aventure bien construite, des personnages sans clichés, des moments du quotidien qui sont la poésie même. D’ailleurs tous les romans de cette autrice ont ce même souffle, ils sont simples, profonds et sincères.
Une bande dessinée / un manga ?
Je recommande toutes les bandes dessinées de Camille Jourdy, dont j’adore le travail que ce soit sur Rosalie Blum ou sur des BD jeunesses avec Les Vermeilles.
En manga, je conseille Monster de Urasawa, c’est un polar éblouissant, prenant, glaçant, bref formidable. Il n’y a “que” 18 tomes…
Une exposition ?
La dernière exposition que je suis allée voir, entre les gouttes des deux derniers confinements, c’est l’exposition temporaire consacrée à David Hockney à la Galerie Lelong & Co, dans le 8ème à Paris. La galerie exposait des toiles monumentales, peintes en Normandie et qui présentaient le travail récent du peintre anglais. Je suis une inconditionnelle ou presque de ses œuvres et je fais toujours le maximum pour essayer de les voir en vrai, avant qu’elles ne disparaissent dans des salles de vente pour quelques millions de dollars. J’adore sa perspective aménagée, ses couleurs presque “de dessins d’enfant”, sa minutie. Par exemple, si vous ne savez pas quoi m’offrir à Noël, avec un tableau de Hockney, vous ne pouvez pas vous tromper !
Un photographe ?
Christophe Jacrot est un photographe que j’aime beaucoup. C’est un français voyageur qui fait des clichés à la gloire des saisons. Ses séries sont consacrées à des villes qu’il capture pendant des intempéries notamment, mais aussi à des moments insolites. Il y a l’Islande sous la neige, Hong-Kong sous la mousson, Paris par tous les temps et ma série préférée : les rues de New York pendant un blackout. Le résultat est insolite et magique.
Un spectacle ?
J’attends avec une hâte proche de la folie, le concert d’Alanis Morissette pour les vingt ans de son album Jagged Little Pill. J’ai mes places depuis plus d’un an, la tournée a été décalée à l’automne 2021… Si ce concert n’a pas lieu, je ne réponds plus de rien !
Une recette de cuisine ?
L’œuf à la coque, encore et toujours parce que c’est simple, rapide, facile à faire et délicieux.
Une activité sportive ?
Le vélo ! Cela fait cinq ans maintenant que j’arpente les rues de Paris sur mon petit vélo qui n’a ni vitesse, ni style vraiment distinctif. Il est ultra léger, facile à manipuler sur les trottoirs et les pistes cyclables entre les vélos électriques qui ne s’arrêtent pas au feu rouge et les voitures qui rouspètent. Il s’appelle “Petit Tonnerre” parce qu’il m’a fait tomber deux fois déjà et que j’y suis quand même très attachée.
Une citation ?
“Deux larmes suffisent à rendre la vue bonne“, c’est une citation extraite de Montedidio, un roman d’Erri de Luca, un écrivain italien. J’avais noté cette phrase en lisant le livre, parce qu’elle m’avait énormément touchée. Elle est extraite d’un passage où un enfant dit qu’il “recouvre la vue” grâce aux larmes qu’il a versées. Évidemment il s’agit d’un symbole, celui des difficultés qui nous assaillent et nous meurtrissent jusqu’à nous faire pleurer, difficultés qui nous permettent de voir plus clair, de voir le monde autour et de se connaître soi.
Une maxime dans la vie ?
“Ad augusta, per angusta” qui signifie “Vers les sommets par les petits chemins“. C’est un adage très connu qui m’a toujours aidé à avancer dans la vie. Il rassure sur les chemins à prendre qui ne sont pas forcément droits ni dégagés, mais qu’il faut emprunter quand même et qui mènent autant que les autres vers nos rêves.
Votre actualité ?
Je serai en concert à la Cigale le 18 novembre, en co-plateau avec Noé Preszow et je viens de sortir une Home Session pour Apple Music où je reprends ma chanson Jusqu’ici tout va bien, dans une version très différente de l’originale. Je revisite également la chanson Saint Claude de Christine and the Queens, grâce aux arrangements de Jonathan Morali du groupe Syd Matters. A découvrir ici : https://lnk.to/ClouHomeSession.
Et mon album Orages est toujours dans les bacs, en streaming et en téléchargement !
Merci Clou !
