Scènes de méninges
Tout dire or not tout dire ? Telle est la question ! Au théâtre de la Renaissance, triomphent actuellement Pierre Arditi et Evelyne Bouix dans une succession de saynètes sur la vie intime d’un couple, signées Salomé Lelouch. Fallait pas le dire, mais il faut le voir !
Il y a quelques années, Léonore Confino triomphait avec Ring, un de ses textes ciselés dont elle a le secret et dans lequel un couple anonyme s’aimait et se déchirait au cours de saynètes à la fois tragiques et désopilantes. Fallait pas le dire en reprend le même concept : un couple dont on ne connaîtra jamais le nom des deux protagonistes, enchaîne les scènes de ménage sans lien apparent. Il y en aura pourtant un, lors de la dernière séquence, faisant de l’ensemble un tout cohérent derrière l’absurde de certaines situations. Mais il est tout de même un fil conducteur : celui de la parole sans filtre de l’épouse, mettant son mari au supplice, au désespoir et parfois, révélant chez lui une mauvaise foi profonde qui ne demandait qu’à s’exprimer.
Salomé Lelouch a écrit un spectacle-écrin pour ces deux interprètes qu’elle connaît par coeur : sa mère Evelyne Bouix et son beau-père, Pierre Arditi. Tant et si bien qu’on se demande parfois jusqu’où la jeune femme a poussé le curseur et emmené ce couple lié à la ville comme à la scène, dans l’autodérision. C’est presque un spectacle méta lorsque Pierre Arditi confesse être un gauchiste déçu ou Evelyne Bouix, s’adonner à des retouches esthétiques tout en fustigeant celles qui y ont recours.
Pour autant, Salomé Lelouch nous épargne les sempiternelles engueulades de couples façon Ils s’aiment. Ici, point de lunettes de toilettes toujours relevées, point de diatribes sur la belle-famille, ni de clichés féministes à la manière des hommes qui viendraient de Mars quand les femmes seraient de Vénus. Non, Pierre Arditi et Evelyne Bouix débattent sur des thématiques actuelles, montrant que les séniors ne sont pas aussi déconnectés qu’on veut bien le prétendre : GPA, changement climatique, mouvement #MeToo, nouvelles technologies, pornographie et autres trottinettes électriques, s’invitent sans vergogne dans les discussions, provoquant remous et second degré fort appréciables. Une partition aux répliques qui fusent, servie avec bonheur par ces deux monstres sacrés du théâtre et du cinéma. Ils s’en donnent à coeur joie et même si certaines scènes sont un peu moins cocasses ou originales que les autres, leur abattement l’emporte. Peut-être qu’il n’est pas toujours bon de tout dire, mais une chose est certaine : il est bon d’en rire…
Actuellement au théâtre de la Renaissance (20 boulevard Saint-Martin 75010 Paris), du mercredi au samedi à 19h, le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h.

Caen. Dimanche 12 février. Arditi et Bouix. Invités. On y va. Théâtre à l’italienne avec visibilité réduite au poulailler à 30 euros. Si vous avez le malheur de prendre ce genre de places, prévoyez votre matériel de varappe et veillez à ne pas souffrir de vertige. Nous avions donc une vue plongeante sur la calvitie d’Arditi. Ça commençait mal….
Théâtre? Je dirai plutôt stand UP à deux. Bouix est une piètre comédienne qui hurle son texte et est pourtant inaudible car elle crache les mots. Arditi? Il marmonne et ne joue que pour les premiers rangs, à fond de scène et ignore absolument tout le reste et tous les autres. Pas une fois, il n’a daigné lever son visage vers nous, les sans grades, les moins de 60€ la place ou porter la voix jusqu’au fond. On n’entendait rien! Mise en scène inexistante pour un texte qui ne passera pas à la postérité avec préjugés sur les serveurs, les femmes etc…et inévitables portables dont une mise en scène inspirée aurait pu se passer.
Les récompenses attribuées sont inexplicables.
Corporalité des deux comédiens minimaliste. Ils sont vieillissants et cela se voit. Arditi fait du sur place, fait de l’Arditi avec économies à tous les étages. Bouix est … inutile. Elle joue de profil et l’abus de botox se fait sentir dans une diction en dessous du premier élève de CM2 venu. Articule ! Non, elle hurle… Elle joue mal, très mal… et est la mère de l’auteur… Nous sommes sortis au bout de 20 minutes sans avoir compris un traître mot malgré nos efforts et nous ne sommes pas sourds. D’autres nous ont suivis. Tout professionnel qui se respecte aurait dû demander à avancer le décor afin de jouer plus près du public, aurait monter le volume sonore et aurait adapté son jeu mais ils n’en ont rien à faire, la salle était pleine et acquise d’avance. Quelle honte que ce théâtre là qui sent son parisianisme à mille lieues… Lelouch et Cie. Théâtre de copains, familial, entre soi. L’antithèse du Théâtre quoi… Mais qu’importe à un public devenu si peu exigeant, si peu cultivé et qui mange du boulevard ( pas du grand comme celui de Feydeau et Courteline) et n’est là que pour dire” J’y étais” J’ai vu Arditi”…. …
Non, fallait pas y aller mais les places nous avaient été offertes donc pas de regrets. Si quand même ! car à la même heure, nous étions invités à un superbe concert de jazz au casino de Deauville… Ô rage, Ô désespoir !
Visité en février