Une pièce au firmament !
Après Les Crapauds fous, Mélody Mourey est de retour avec une nouvelle pièce mêlant fiction et réalité. Elle s’attaque cette fois-ci à l’échec de la mission Apollo 13 dont Ron Howard avait fait un film en 1995. La Course des géants, actuellement aux Béliers Parisiens, a tout d’une grande pièce, grâce à sa mise en scène inventive et une distribution quatre étoiles. Êtes-vous prêts pour le décollage ?
Souvenez-vous. Avec Les Crapauds fous, Mélody Mourey nous contait l’incroyable histoire vraie de deux médecins qui avaient sauvé tout un village polonais de l’extermination nazie, le tout sous le prisme de l’humour et de l’émotion. Elle récidive avec La Course des géants, en partant de faits historiques (la mission Apollo 13 et ses dysfonctionnements qui ont failli coûter la vie à ses trois astronautes, le KGB tentant d’infiltrer la Nasa…) s’imbriquant astucieusement dans un récit totalement fictionnel. Tant et si bien que l’on est tenté, une fois rentré chez soi, de démêler le vrai du faux et de s’avouer que finalement, on s’était bien fait avoir.
C’est dire si la pièce est réussie. Mélody Mourey parvient à nous faire croire totalement à son histoire sans qu’une once de doute (ou presque) ne vienne l’entacher. Quand Apollo 13 appelle Houston pour dire qu’elle a un problème, la solution proviendrait d’un homme, Jack Mancini, en train de cuver sa peine au fin fond d’un bar. Et la pièce de partir en flashbacks pour comprendre qui est cet homme et pourquoi il est si essentiel à la mission spatiale pour ramener sur Terre des cosmonautes en perdition. Tous les artifices sont bons pour nous immerger totalement dans la vie de ce prodige, dont le nom ne nous ait pas parvenu : vidéo, comédie musicale, scènes d’humour absurde. Le tout, amalgamé dans des scènes à dimension plus dramatiques (mère junkie, mentor bienveillant doublé d’un agent du KGB, tensions à la Nasa…).
Tant et si bien que ce n’est pas à une pièce à laquelle on assiste, mais un film. Et Jack Mancini incarne le héros (imparfait) par définition, provoquant une empathie immédiate (assurance d’un homme viril doublé d’un regard d’enfant perdu et peu sûr de lui). Surdoué qui s’ignore, ancien addict devenu clean, forcené de travail pour réussir mieux que les autres et avoir une légitimité qui manque à ses yeux, mari amoureux et futur père… Mancini est tout cela à la fois et bien plus. Inspiré de l’astronaute Ken Mattingly qui a dû abandonner la mission Apollo 13 deux jours avant le décollage pour cause de suspicion de rougeole, Jack Mancini fait partie de ces personnages plus vrais que nature que l’on a à la fois envie de secouer quand il flanche, d’encourager et de consoler.
Jordi Le Bolloc’h, que l’on connaît principalement dans la comédie, surprend dans ce rôle multiple passant constamment d’une émotion à une autre. Il évolue aussi rapidement que les éléments de décor, où l’on se trouve en un clin d’oeil dans une salle de contrôle de la Nasa, un bar, une salle à manger ou le sol lunaire. Il est accompagné de cinq comédiens exceptionnels qui interprètent plusieurs rôles et à l’énergie contagieuse. La Course des géants est un grand pas pour le monde du théâtre !
Actuellement au Théâtre des Béliers Parisiens, 14bis sur Sainte-Isaure 75018 Paris.
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h.

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